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La « Grande Démission », un terreau fertile pour la création d’entreprises

D’abord apparu aux Etats-Unis au début de l’année 2021, le phénomène de la « Grande Démission » a gagné la France à partir de la fin de la même année. Loin de se limiter aux soignants épuisés, cette volonté de quitter son emploi pour retrouver du sens concerne également des cadres dans le domaine des nouvelles technologies, et pourrait pousser de nombreux aspirants entrepreneurs à franchir le pas.

Une simple vidéo, plus ou moins virulente envers les employeurs, et voilà les employés libérés de l’emprise jugée étouffante de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient. Ce type de contenus s’est multiplié ces derniers mois sur les réseaux sociaux, TikTok en tête, particulièrement aux Etats-Unis, où au mois d’août 2021, plus de 4,3 millions de salariés ont démissionné. Un chiffre inédit depuis le début des relevés statistiques mensuels sur les démissions, en l’an 2000. Ce mouvement, que les Américains appellent « Big Quit » ou « Great Resignation » (la « Grande Démission ») est apparu dès le printemps 2021, avant de prendre de l’ampleur au cœur de l’été. Aujourd’hui arrivé en France, le phénomène y est pour l’instant nettement moins massif, et il n’est pas certain que cette « Grande Démission » puisse connaître le même succès qu’outre-Atlantique.

Un phénomène large qui concerne toutes les catégories professionnelles

Les salariés dits « de la première ligne », qui ont été extrêmement sollicités pendant la crise sanitaire, sont parmi les plus nombreux à démissionner. Aides-soignants, serveurs, caissiers, personnels d’entretien, toutes ces professions exigeantes physiquement et mal rémunérées sont aux Etats-Unis les plus durement touchées par ces vagues de départ. En France, la situation est similaire, notamment en ce qui concerne le personnel soignant, mais la « Grande Démission » touche également les cadres. Ayant découvert un moyen d’allier vie personnelle et vie professionnelle grâce au télétravail, cherchant parfois du sens à leurs activités de travail quotidiennes, beaucoup de personnes occupant des professions supérieures ont-elles aussi commencé à quitter leur emploi salarié. C’est notamment le cas dans les plus grandes entreprises du secteur des nouvelles technologies, dont le fonctionnement, basé sur le fractionnement de grands projets en plus petites tâches indépendantes, a pu renforcer chez certains ce sentiment d’inutilité, ou de manque de contrôle sur son travail. Il peut en effet être frustrant pour certaines personnes de ne pas pouvoir mener un projet de bout en bout, et de ne pas pouvoir concrètement percevoir quel impact a eu leur travail sur le résultat final.

Reprendre sa vie en main grâce à l’entrepreneuriat

Pour ceux-là, la reprise en main de leur vie passe en premier lieu par un changement d’environnement. Ainsi, lorsqu’ils ont compris que, grâce au télétravail, ils n’avaient plus besoin de vivre dans des zones urbaines denses pour pouvoir travailler normalement, beaucoup de salariés, et ce partout dans le monde, ont quitté les villes pour revenir dans des zones périurbaines ou rurales. En France, ces déplacements ont pu avoir pour motivation de retrouver un air sain, de « ralentir » son rythme de vie, ou de se rapprocher de sa famille. Mais davantage encore que changer de cadre de vie, une décision semble être symptomatique de ce désir de changer de vie, celle d’entreprendre. A travers les confinements et le temps qu’ils ont laissé pour mûrir des projets, beaucoup de cadres en quête de sens ont compris que le salariat à durée indéterminée n’était plus nécessairement l’optimum d’une carrière, mais que le travail indépendant pouvait aussi être un modèle désirable. En témoignent les créations d’entreprises et de micro-entreprises, qui d’après les données de l’INSEE n’ont cessé de progresser de 2017 à 2019 et qui, en 2021, après une année 2020 exceptionnelle due à la pandémie, ont repris la même dynamique.

Encore de nombreuses incertitudes

Mais même si ce mouvement qui pousse les salariés vers l’entrepreneuriat semble aujourd’hui fort, se pose la question de sa pérennité et de ses conséquences. En effet, d’une part, le nombre de salariés quittant leur emploi est bien moindre, tant en valeur absolue qu’en proportion, en France qu’il ne l’est aux Etats-Unis. Les experts économiques sont donc en désaccord entre eux quant à savoir si la dynamique en cours va se poursuivre dans les mois et les années qui viennent. D’autre part, si les Etats-Unis sont souvent précurseurs de mouvements culturels qui, avec l’avènement des réseaux sociaux, se diffusent dans le monde à très grande vitesse, les différences culturelles dans le rapport au travail entre la France et les Etats-Unis sont trop importantes pour qu’un tel mouvement s’internationalise sans aucune altération. Il en va de même pour les différences en termes de conjonctures économiques. Enfin, un tel délaissement de l’emploi salarié n’est pas sans risques de créer une situation de blocage sur un marché du travail déjà en tension. Une chose est certaine cependant, les créations d’entreprises en France sont au plus haut et cette dynamique-là ne semble pas prête de s’arrêter. Il convient donc de faire travailler ensemble tous les acteurs du monde entrepreneurial—porteurs de projets, associations d’accompagnement, pouvoirs publics, incubateurs, écoles—pour faciliter l’accès à l’entrepreneuriat et permettre aux créateurs d’entreprises de contribuer à la relance de l’économie.

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